BIO GERARDO DI GIUSTO

Gerardo Di Giusto

 

Le pianiste, arrangeur, directeur musical et compositeur argentin Gerardo Di Giusto est né le 30 janvier 1961 à Córdoba, métropole du centre-nord de l’Argentine, célèbre pour son université, sa très forte proportion d’étudiants et sa richesse culturelle.

 

Jeunesse

 

Gerardo Di Giusto a la chance de grandir dans une famille qui, d’une part, peut lui offrir des cours de piano dès l’âge de sept ans et, d’autre part, fait l’acquisition de cet instrument coûteux et volumineux : disposer d’un piano à la maison lui permet de travailler la musique et de développer ses talents. Après quatre années d’études dirigées (cours particuliers et conservatoire), le jeune pianiste devenu collégien se voit contraint de cesser ses activités musicales pour cause d’internat. À l’issue de cette étape, il reprend à quinze ans l’apprentissage du piano avec force et motivation, mais cette fois-ci seul.

 

Ses parents l’encouragent à devenir ingénieur, lui se rêve en musicien… Il continue donc le piano en loisir, mais avec passion, pendant ses années de lycée, puis de faculté et même plus tard lorsqu’il travaille dans l’ingénierie chez Renault. Entre dix-huit et vingt-trois ans, il fréquente d’autres musiciens, ce qui l’amène à faire partie de Vertiente, un groupe de folklore de proyeccion (terme qui, en Argentine, désignait dans les années 1980 les courants progressifs enracinées dans les musiques traditionnelles tout en empruntant souvent le son du rock et en faisant appel à l'improvisation ; cette tendance est toujours vivace). Cette expérience déterminante est l’élément déclencheur qui l’incite à « tout casser dans sa vie » pour se consacrer uniquement à la musique. En 1984, il décide de partir pour Paris.

 

Formation

 

De formation essentiellement autodidacte, Gerardo Di Giusto suit néanmoins les cours d’écriture musicale du Conservatoire national de région de Saint Maur et s’inscrit au C.I.M. (célèbre école de jazz parisienne dirigée par Alain Guérini) où il étudie, de 1985 à 1988, le piano et l’arrangement jazz avec Laurent Cugny (pianiste et chef d’orchestre, futur directeur de l’Orchestre national de jazz, titulaire d’un doctorat de musicologie, professeur de musicologie à la Sorbonne). De 1994 à 1998, il suit les cours de direction d’orchestre à l’École normale de musique de Paris sous la maîtrise de Dominique Rouits, et obtient le diplôme supérieur de direction.

 

Expériences et Rencontres

 

Pendant ces années de formation, Gerardo Di Giusto est un musicien très actif qui met à profit ses talents et ses univers musicaux variés : il travaille comme arrangeur et pianiste avec de prestigieux artistes tels que Julien Lourau (jeune saxophoniste avant-gardiste), Mercedes Sosa (chanteuse argentine légendaire), Amelita Baltar (chanteuse d’Astor Piazzolla), Orlando Poleo (percussionniste vénézuélien de salsa et de latin-jazz), Pierre Blanchard (grand violoniste de jazz), Juan José Mosalini (bandéoniste argentin maître du tango moderne), Olivier Ker Ourio (illustre harmoniciste de jazz) et d'autres.

 

Écriture et Compositions

 

De 1986 à 1989, Gerardo Di Giusto dirige un quintet de tango dont il signe toute la musique. À la fin des années 1980, il décide de changer d’orientation et compose alors un répertoire entier inspiré du folklore argentin, mais dans une optique jazz.

 

À cette époque, à l'exception de la comédie musicale L’Amour, it’s not a game qu'il imagine en 1991 pour grand orchestre, le répertoire de ses œuvres comprend essentiellement des pièces isolées et instrumentales. Ce n'est qu'à partir de 1998 qu'il aborde une écriture plus ambitieuse avec des pièces telles que El Arcángel, oratorio pour chœur et trio soliste qui sera représenté dans une quinzaine de villes (théâtre d’Agen, théâtre Odyssud, théâtre de Villeneuve sur Lot, etc.) ou Música Argentina para Cuerdas, qu'il compose pour orchestre à cordes et qui intègrera le répertoire de l’orchestre de chambre de sa province de Córdoba, celui de Camerata Romeu (Cuba), qui l'interprète en tournée en Europe, et celui de l'orchestre Dionysos (Paris).

 

En 2001, il écrit une Suite concertante pour piano et orchestre à vent dans le cadre d'une commande d'État pour la musique de l'Air, œuvre qui sera représentée dans des salles prestigieuses, comme l'amphithéâtre de la Sorbonne, et dont l'enregistrement sortira en 2002.

 

Projets et Groupes

 

Simultanément, Gerardo Di Giusto multiplie rencontres et collaborations et s'investit dans plusieurs projets qui lui permettent d'approfondir sa recherche d'une musique qui, à partir d'un ancrage dans le terreau argentin, se déploie à la lisière du jazz et du classique pour mieux transcender les styles et tendre vers une dimension universelle.


C'est dans cet esprit qu'il mûrit son projet le plus original et personnel, Camerata Ambigua, quintet à cordes et piano, sans aucun doute la démonstration la plus éclatante et aboutie de sa démarche artistique. Ce travail d'écriture donne naissance, fin 2004, à un premier album pour le label Mañana dont Le Monde de la musique dira qu'il « change ostensiblement la perspective de la musique argentine actuelle ».

 

Gerardo Di Giusto mène parallèlement sa quête aux confins du jazz avec Córdoba Reunion, une formation qu'il fonde avec trois autres musiciens originaire de Córdoba, Javier Girotto (saxophone), Minino Garaÿ (batterie et percussions) et Carlos « El Tero » Buschini (basse et contrebasse). De cette rencontre exceptionnelle naît Argentina Jazz, un album publié chez Cristal Records. Sur cet enregistrement, les musiciens invitent la chanteuse Mercedes Sosa et le guitariste Colacho Brizuela, deux figures de la musique argentine. Córdoba est une province où se rencontrent les rythmes et expressions musicales les plus divers du pays (tango, zamba, chacarera, milonga, chaya) ; c’est aussi la région qui a vu naître et grandir ces quatre musiciens, qui a façonné leur « âme musicale ». Le propos de Córdoba Reunion est d’improviser avec le langage folklorique au sein de compositions qui gardent certaines caractéristiques rythmiques, harmoniques et mélodiques du folklore argentin, dans un mode d’expression actuel.

 

Toujours dans cette même perspective d'enracinement dans la musique argentine, et de mélange de jazz - mais aussi de musique classique - naît en 2003 Gaïa Cuatro, une nouvelle formation faite de la rencontre inattendue de deux musiciens japonais Aska Kaneko (violon) et Tomohiro Yahiro (percussions), à laquelle se joint Carlos « El Tero » Buschini (basse). Depuis 2004, Gaïa Cuatro se produit chaque année au Japon et en Europe. Gaïa, leur premier album paru en 2004, est suivi de Udin en 2006. Des invités prestigieux se joignent parfois au quartet, tel le remarquable trompettiste italien Paolo Fresu.

 

Solo

 

En 2006 Gerardo Di Giusto enregistre un disque de piano solo assez confidentiel, devenu une rareté discographique ! Depuis 2008, il commence à se produire seul, ou en duo avec le percussionniste Minino Garaÿ.

 

En 2010, Gerardo Di Giusto enregistre Imaginario,  son deuxième album de piano solo, qui paraît sur le label Mañana dans une magnifique présentation pop-up (livre animé). Le pianiste livre dix compositions qui lui permettent d’improviser, aux frontières du jazz et de la musique classique, pour transgresser les styles en allant vers une dimension plus large. Sa musique, inclassable, s’appuie parfois sur des airs populaires argentins, privilégie les mélodies fragiles et laisse une large part à l’improvisation tout en reposant sur un savant travail d’écriture.

 

Autodidacte, mais diplômé d’études musicales poussées ; argentin, mais avec un langage universel ; compositeur érudit et improvisateur accompli ; au piano solo, en quartet de jazz ou en grande formation classique ; maîtrisant les traditions folkloriques, l’écriture classique et les modes d’expressions actuels… Gerardo Di Giusto est un musicien complet, dont la culture, la générosité, les influences et la richesse des échanges et des rencontres accumulés au fil des ans transparaissent dans une œuvre personnelle unique et magnifique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(sources : www.gerardodigiusto.com & entretien réalisé par Solange Bazely pour www.musicargentina.com)