NGUYEN LE

 

PARCOURS

Né en 1959 à Paris de parents vietnamiens, Nguyên Lê débute à l'âge de quinze ans par la batterie, la guitare, puis la basse électrique. « Mes premiers contacts avec la musique ne datent que du milieu des années 70, avant je passais le plus clair de mon temps à dessiner ou à peindre. C’est au lycée en fait que j’ai commencé à pratiquer la batterie avec des copains. J’ai craqué pour la guitare quand j’ai réalisé qu’avec cet instrument je pouvais chanter. ». Il se consacre à la musique après une licence d'arts plastiques et une maîtrise de philosophie sur l'exotisme.

Il cofonde en 1983 le groupe Ultramarine qui remporte alors le 1er prix du Concours National de Jazz de la Défense. Cette formation novatrice à la croisée du jazz et des musiques africaines et afro-caribéennes a marqué de son empreinte toute une génération de musiciens à travers la monde.

 

 

Choisi par Antoine Hervé pour être le guitariste de l'Orchestre National de Jazz (de 1987 à 1989), il a pu ainsi jouer avec Johnny Griffin, Louis Sclavis, Didier Lockwood, Carla Bley, Steve Swallow, Randy Brecker, Toots Thielemans, Courtney Pine, Steve Lacy, Dee Dee Bridgewater, Gil Evans, Quincy Jones...

 

En 1989 il publie avec son groupe Ultramarine (défini comme "le meilleur album de World Music de l'année 1989" selon Philippe Conrath de Libération) en compagnie de ceux qui deviendront les maîtres de la fusion du jazz et des musiques du monde : Mario Canonge, Etienne MBappé, Pierre-Olivier Govin, Bago et Mokthar Samba.


LEADER

En mai 1990 parait Miracles, le premier disque sous son nom, enregistré aux USA avec Art Lande, Marc Johnson et Peter Erskine, et E si mala d’Ultramarine. Parallèlement, il participe aux formations d'Andy Emler, de Michel Portal avec Miroslav Vitous & Trilok Gurtu, ainsi qu’aux disques de Sylvin Marc et d'Antoine Illouz, et joue avec Aldo Romano, Jean-François Jenny-Clarke, Dewey Redman, Jon Christensen, Bunny Brunel, Daniel Humair, Michel Benita, Nana Vasconcelos , Glenn Ferris, Christof Lauer, Paolo Fresu...

 

En Mai 1992 il enregistre Zanzibar, son deuxième album, avec entre autres Art Lande au piano et Paul McCandless aux anches qui recevra de prestigieuses critiques. En 1993 il enregistre Init avec un trio composé d'André Ceccarelli et de François Moutin, avec le saxophoniste Bob Berg en invité. Il monte aussi un nouveau groupe sur la musique de Jimi Hendrix avec Corin Curschellas, Steve Argüelles, Richard Bona.

 

 

INVITE

Depuis 1993 il est régulièrement soliste invité par le WDR big band de Cologne, en particulier avec l'arrangeur et compositeur Vince Mendoza. Ce dernier invitera par la suite Nguyên Lê sur différents projets discographiques (avec Charlie Mariano, Dave Liebman, Peter Erskine, Russell Ferrante…). En avril 1994 il est le soliste de The New Yorker, suite pour grand orchestre écrite et dirigée par Bob Brookmeyer avec Dieter Ilg et Danny Gottlieb. C'est avec ces deux musiciens qu'il enregistre fin 1994 son troisième disque, Million waves.

A cette période, il joue en trio avec Peter Erskine et Michel Benita, enregistre avec Michel Portal et Ralph Towner, travaille avec Ornette Coleman sur Freedom Statue, une de ses pièces de musique contemporaine. En juin 1995 il est à nouveau invité par le WDR Bigband sur le projet avec les mythiques Yellowjackets et Vince Mendoza.

Au Festival de Stuttgart, en juillet 1995, il est invité à célébrer The Universe of Jimi Hendrix, une relecture de thèmes de Jimi Hendrix avec Trilok Gurtu, Terry Bozzio, Cassandra Wilson, Jack Bruce, Vernon Reid, David Torn, Victor Bailey, Pharoah Sanders...  La même année, il se produit en concert aux côtés de John McLaughlin, Michel Petrucianni, Markus Stockhausen, Enrico Rava, Ray Anderson, Kenny Wheeler, Dave Douglas, Wolfgang Puschnig, John Taylor, Mike Gibbs, Maria Schneider, Tigran Hamasyan...

 

FUSIONS

En avril 1996 le disque Tales From Vietnam apporte une relecture de la musique vietnamienne avec un groupe de huit musiciens traditionnels et jazz. A cette occasion le spectacle De la Lune et du Vent est créé avec le metteur en scène P. J. San Bartolomé, des danseurs vietnamiens, traditionnels et contemporains. Le disque reçoit un accueil enthousiaste de la critique internationale : Diapason d'Or, Choc du Monde de la Musique, Choc de l'Année 1996 Jazzman...

En 1997 sort le disque 3 Trios avec Marc Johnson/Peter Erskine, Dieter Ilg/ Danny Gottlieb et Renaud Garçia-Fons/ Mino Cinelu. Une grande réussite, qui mêle originalité et fortes personnalités pour une musique totalement créative.

En 1998 il apparait sur le nouveau projet de Paolo Fresu Angel. En mai de cette année il publie Maghreb & Friends, une exploration des traditions musicales et une profonde collaboration avec les musiciens du Maghreb, magnifique exemple de fusion parfaitement réussie. Fin 1998 il participe au deuxième disque du Paolo Fresu Angel quartet : Metamorfosi. Il produit également Moon & Wind, premier disque de Huong Thanh.

Bakida sort en mars 2000, avec son trio (Renaud Garcia-Fons/Tino di Geraldo) et des invités de tous les pays : Chris Potter, Carles Benavent, Kudsi Erguner, Jon Balke... Ensuite, Nguyên Lê part en tournée avec le groupe de Terri Lyne Carrington, avec Geri Allen et Gary Thomas, et joue avec Maria Schneider.

En mai 2001 sort E-L-B, en trio avec Peter Erskine et Michel Benita. Dragonfly, deuxième disque de Huong Thanh paraît en septembre 2001, et est consacré «CHOC de la Musique» par Le Monde de la Musique. En juin 2002 et décembre 2003, il est invité par le grand orchestre Metropole Orchestra (NL) à jouer ses compositions arrangées par Vince Mendoza.

En septembre 2003, il livre Purple, un disque consacré à Jimi Hendrix, qui va l’emmener pendant des années dans toutes les régions du monde. Cet album donne une relecture totalement originale des titres emblématiques du guitar hero légendaire.

Grand succès critique et public, le disque Mangustao de Huong Thanh paraît en janvier 2004 (« Coup de cœur » de GEO, « Choc de la Musique » pour le Monde de la Musique, « CD du mois » pour FIP…).

En mars 2005 sort Walking on the Tiger's Tail, avec ses grands amis Art Lande et Paul McCandless, ainsi que le percussioniste Jamey Haddad. « Un univers où l’alliance entre l’acoustique et l’électrique, l’improvisation et l’écriture, la délicatesse intérieure et l’expressivité virtuose atteint un équilibre idéal ».(Le Monde)

Plusieurs projets aboutissent en 2006 : la musique du film Le Sheitan de Kim Chapiron, Homescape, un disque très électronique, improvisé et mystique en duos avec Paolo Fresu ou Dhafer Youssef. En 2006 également, Nguyên Lê reçoit à l’unanimité le « Django d’Or » de la guitare.

En 2007, après d’autres tournées aux USA et en Chine, sort Fragile Beauty, le quatrième album avec Huong Thanh «un album qui capture le cœur dès la première note et le laisse affamé lorsque la dernière note disparaît » (All that Jazz).

En 2008, Nguyên Lê enregistre avec Uri Caine ou Vince Mendoza mais aussi avec ELB en invitant Stéphane Guillaume. Un nouveau projet émerge en octobre 2009 : Saiyuki Trio avec avec Mieko Miyazaki et Prabhu Edouard, ainsi que Hariprasad Chaurasia en invité.

MULTITUDE

Personnage aux multiples talents, Nguyên Lê est également ingénieur du son et co-producteur des albums de Dhafer Youssef (Abu Nawas Rhapsody), Céline Bonacina (Way of Life) et Mario Canonge (Mitan). En mars 2010 il est soliste de la 5e symphonie de Erkki Sven Tüür avec le Philarmonique de Brême. Signature Edition, une compilation ACT en double CD de 20 ans de création musicale, fait dire à All About Jazz que c’est « l’ample évidence d’un artiste dont la voix a été sienne depuis le tout début».

Le nouvel album Songs of Freedom, qui paraît en avril 2011, est une relecture exotique, virtuose et exigeante de hits pop des années 1970 : Stevie Wonder, Janis Joplin, Led Zeppelin, Cream… avec Illya Amar, Linley Marthe, Stéphane Galland et Youn Sun Nah, David Linx, Dhafer Youssef, Ousman Danedjo, Himiko Paganotti, Julia Sarr… Il est « Choc du Mois » et en couverture de Jazzman/Jazzmag.

En 2011, Nguyên Lê est nommé Chevalier des Arts et des Lettres.

 

MULTI-INSTRUMENTISTE

Musicien autodidacte à vocation ouverte, Nguyên Lê a joué de ses cordes autant pour le rock et le funk, la chanson, le Jazz contemporain, l'électro-acoustique et surtout les musiques extra-européennes. Guitariste, mais aussi bassiste, Nguyên Lê a appris le Dan Bau (ou monocorde traditionnel vietnamien), avec son professeur Truong Tang. Musicien, Nguyên Lê est également producteur, ingénieur du son, réalisateur, compositeur, arrangeur…

 

PROPOS

JAZZ

Je me considère comme musicien de jazz d'aujourd'hui, avec toute l'ouverture que désigne pour moi le mot Jazz. Le jazz est en effet une musique ouverte, qui est née d'une diaspora (celle des esclaves noirs en Amérique) et qui s'est toujours nourrie de mélanges (l'harmonie de la musique française du 19e -Debussy Ravel, la musique brésilienne, afro-cubaine, etc.). Le jazz est même une des musiques les plus ouvertes par sa part essentielle d'improvisation et d'interaction entre les musiciens. Jazz d'aujourd'hui car, bien qu'ayant appris la tradition du jazz (les standards, le be-bop), je cherche à créer une musique qui est à la fois le reflet de ce que je vis tous les jours et une perspective d'avenir sur ce que le monde pourrait être ou devrait être.

 

WORLD MUSIC ?

Il y a quelques années encore je détestais ce concept de World Music. C'était et cela reste encore quelquefois une entreprise commerciale de producteurs occidentaux qui cherchent la nouveauté en pillant sans respect les cultures du Tiers monde. J’ai changé d'avis car maintenant la vraie World Music est faite par des musiciens du Tiers Monde, vivant en Occident ou pas, qui se sont accaparés les instruments et les procédés occidentaux pour créer une nouvelle culture contemporaine à partir de leurs propres traditions. (…) La vraie World Music, c'est en fait celle que la génération des enfants d'immigrés, dont je fais partie, est en train de créer. Parce que nous sommes nés ou parce que nous vivons ici, nous ne sommes plus réellement vietnamiens, africains, indiens... Nous sommes de nouveaux Vietnamiens, Africains, Indiens... Nous avons notre identité à construire à partir de ce que nous vivons aujourd'hui, et cette identité ne sera jamais celle de nos parents. Cette nouvelle génération a plein de choses à dire, à partager. Je multiplie ces expériences interculturelles parce que d'abord les cultures des autres me fascinent et j'apprends tant de choses à leur contact, ensuite il y a une fraternité certaine dans ces situations où l'on découvre des correspondances inattendues entre personnes de cette génération. Il y a des contextes musicaux dans lesquels je ne peux pas sonner ouvertement "vietnamien", alors j'emprunte des styles chez les autres cultures, tout en gardant mon émotion propre. Je me sens Vietnamien, mais d'aujourd'hui : Je me dois de connaître les autres cultures, c'est au contact de leur étrangeté que je me sentirai encore plus vietnamien.